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Bolsonaro accusé d'un « génocide » en Amazonie

L'ex-chef d'État d'extrême droite est sous le feu des critiques pour avoir encouragé les orpailleurs d'or dans le territoire yanomami.

Huit enfants yanomamis âgés de 5 ans ou moins sur dix souffrent de malnutrition, selon une étude de 2020. Ici, l’un de ces enfants à l’hôpital Santo Antonio, à Boa Vista (Roraima), le 27 janvier. [Michael Dantas | AFP]

Les portraits d'enfants, femmes et hommes du peuple indigène yanomami, qui vit au nord-ouest de la forêt amazonienne, victimes de malnutrition et gravement malades ont provoqué un choc au Brésil. Au centre de toutes les critiques : l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro, accusé d'avoir encouragé l'orpaillage illégal d'or dans la région, et d'avoir refusé de secourir les Yanomamis malgré de nombreux appels à l'aide. La police fédérale a ouvert une enquête pour « génocide » . Samedi, la ministre de l'Environnement Marina Silva a annoncé qu'une « méga-opération » pour expulser les orpailleurs était prévue.

Depuis quelques années, les procureurs, la Cour suprême et même la Cour interaméricaine des droits de l'homme alertent sur la gravité de la situation. Huit enfants sur dix âgés de 5 ans ou moins souffrent de malnutrition chronique, selon une étude de 2020 menée dans deux régions Yanomami par l'Unicef et l'institut de recherche sanitaire Fiocruz. En 2021, le parquet indiquait qu'il y avait eu 44 069 cas de paludisme en deux ans, alors que la population totale des Yanomami est estimée à 30 000.

Selon des données du ministère de la Santé, obtenus par un média local, 570 enfants yanomamis sont morts de maladies non traitées pendant les quatre ans du mandat de Bolsonaro. Accompagné de photos choquantes, ce chiffre a provoqué une forte réaction. Dès le lendemain, le 21 janvier, le président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva s'est rendu sur place. « Plus qu'une crise humanitaire, ce que j'ai vu à Roraima est un génocide. Un crime prémédité contre les Yanomamis » , déclare-t-il le lendemain sur Twitter.

Pour Estêvão Senra, géographe et chercheur à l'Institut Socioambiental, pas de doute : la cause principale des malheurs des Yanomamis est l'orpaillage illégal d'or. « Les orpailleurs détruisent la forêt, donc les habitats des animaux chassés par les Yanomamis, et polluent les rivières avec le mercure utilisé pour extraire l'or » , explique-t-il. Autre problème : les bassins d'eau créés par les orpailleurs qui attirent les moustiques porteurs de paludisme. « Les impacts s'accumulent » , pointe le chercheur. « Si les Yanomamis tombent malades, ils ratent le bon moment pour ouvrir une nouvelle zone à l'agriculture, compromettant ainsi leur avenir. »

Bolsonaro s'est toujours opposé à la démarcation des terres indigènes, dont celle des Yanomamis, en 1992, quand il était député. La démarcation interdit en théorie l'exploitation minière, mais Bolsonaro a ouvertement encouragé les orpailleurs. En février 2022, il a signé un décret pour soutenir les orpailleurs « artisanaux » , encourageant ainsi les activités illégales, selon les associations environnementales. Parallèlement, les budgets des institutions chargées de la protection des peuples indigènes et de leurs territoires ont fortement diminué.

Résultat : encouragés par la forte hausse du prix de l'or, environ 20 000 orpailleurs se trouvent dans le territoire yanomami. La déforestation causée qui en résulte a augmenté de 25 % en 2022, selon l'Institut national de recherches spatiales. « Le très haut niveau de profits avec la certitude d'impunité » est responsable de cette augmentation importante, analyse Maiara Folly, cofondatrice du groupe de réflexion Plataforma Cipó.

Bolsonaro a qualifié sur Telegram les accusations de génocide et de négligence de « nouvelle farce de gauche » . Selon l'ex-capitaine, la santé des indigènes était l'une des priorités du gouvernement, citant la mise en place d'unprotocole sanitaire pendant la pandémie de Covid-19. Pourtant, pour Adriana Athila, une anthropologue qui a étudié les soins de santé publics pour les Yanomamis, « les services de santé destinés aux populations autochtones se sont détériorés sous Bolsonaro » . Avec pour conséquence une réduction des équipes sanitaires et des visites médicales dans les villages isolés, et un manque d'équipements et de médicaments.

« La régulation de la vente d'or à travers des contrôles bancaires » est essentielle pour lutter contre le trafic d'or, estime João Pacheco de Oliveira, professeur d'anthropologie à l'université fédérale de Rio de Janeiro. Aujourd'hui, le système de certification repose largement sur la bonne foi. Mais l'urgence reste d'expulser les orpailleurs du territoire yanomami. La ministre de l'Environnement Marina Silva a annoncé que la mesure faisait partie d'un plan global en préparation, qui prévoit entre autres la proposition d'autres emplois aux milliers d'orpailleurs pour éviter qu'ils reprennent leurs activités illégales.

Plus qu'une crise humanitaire, ce que j'ai vu à Roraima est un génocide. Un crime prémédité contre les Yanomamis

 

(c) 2023, Le Figaro

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