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Génocide des Tutsis au Rwanda: un ancien préfet mis en examen et écroué à Paris

Pierre Kayondo, âgé d'environ 70 ans selon les parties civiles, a vécu de longues années au Havre, dans le nord-ouest de la France. Il est suspecté de participation active au génocide de 1994 dans la région de Gitarama, dans le centre du Rwanda.

Le palais de justice de Paris, photographié depuis la Seine en 2020. [Thibault Camus | AP]

Pierre Kayondo faisait l'objet d'une information judiciaire depuis 2021. Les gendarmes français l’ont interpellé mardi et l'ont présenté le jour même au magistrat instructeur du Pôle parisien des crimes contre l'humanité, rapporte l'Agence France Presse.


À l'origine de l'affaire, une plainte du Collectif des parties civiles du Rwanda il y a deux ans. L'association qui traque depuis plus de vingt ans les génocidaires présumés en France, a retrouvé la trace de Pierre Kayondo au Havre, le port de Normandie, puis recueilli, au Rwanda, plusieurs témoignages établissant le rôle actif de cet ancien préfet et député, dans l'organisation des exterminations à Ruhango et à Tambwe, dans la préfecture de Gitarama.


Pierre Kayondo aurait constitué des groupes de miliciens interahamwe – les miliciens hutus, bras armés du génocide – mais aussi fourni des armes et participé à des réunions. Considéré comme un irréductible du MRNDD, le parti du président Habyarimana au pouvoir, il aurait également eu des responsabilités dans la gestion de la radio des Mille Collines, qui appelait au meurtre des Tutsis. Pierre Kayondo fait partie de ces Rwandais jugés pour génocide sur le sol français au nom de la compétence universelle de la France, même si les parties civiles regrettent le retard pris par la justice française. Une trentaine de dossiers sont encore au stade de l'enquête. Deux autres dossiers rwandais sont proches de leur dénouement, celui de l'ancien gendarme Philippe Hategekimana qui a fait appel de sa condamnation, en juin, à la réclusion à perpétuité. Et en novembre prochain, s'ouvre à Paris le procès du médecin rwandais Sosthène Munyemana. Satisfaction pour le Collectif des parties civiles du Rwanda Joint par RFI, Alain Gauthier, porte-parole du Collectif des parties civiles du Rwanda, qui a retrouvé la trace de Pierre Kayondo, au Havre, dans le nord-ouest de la France, et récolté des témoignages au Rwanda, exprime sa satisfaction de voir arrêter un rouage important, selon lui, du génocide rwandais. « Pour nous, c'est une grande satisfaction. Il est poursuivi par les juges d'instruction suite à une plainte qu'on a déposée, je pense en février 2021. Après l'avoir retrouvé au Havre, nous sommes partis au Rwanda. On a récolté des témoignages sur les lieux des crimes, c'est-à-dire dans sa commune de Ruhango, au centre sud du Rwanda, où il était venu en tant que député. Et là, eh bien, c'est lui qui a incité les villageois à participer au génocide. Et en plus, on a fourni, dans la plainte, l'organigramme de la fameuse radiotélévision Mille collines, la fameuse radio machette. Et dans cet organigramme, le nom de Pierre Kayondo apparaît comme membre d'une commission. Or, quand on sait le rôle que la RTLM, dès 1993, a joué dans la commission du génocide, il a des responsabilités gravissimes. »

 

(c) 2023, RFI

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